L’Ombre et la Lumière.
Épisode 3 : Le Fondu au noir.
Préambule :
(Précision : comme toujours, les images qui sont jointes à ce précis, « Exemple 1, etc… » servent à illustrer le propos. Il est donc important de les regarder en respectant au mieux la chronologie.)
Le dit « Fondu au noir » n’apparaît réellement que partir du XIV ème siècle, bien que certains peintres du XIII ème firent quelques tentatives. Jusque là, les sujets étaient « posés » sur des fonds sans faire tout à fait partie de ceux-ci.
Des débuts à la maîtrise.
Comme évoqué dans le précédent « précis », au Moyen Âge, les peintres utilisaient très peu ou pas du tout le modelé.
La peinture sur panneaux de bois s’est répandue à l’époque romane, sous l’influence de la peinture d’icônes byzantine. Vers le milieu du XIIIe siècle, l’art médiéval et la peinture gothique sont devenus plus réalistes, avec un début d’intérêt pour la représentation des volumes et de la perspective.
Précision.
Les peintres flamands, hollandais et allemands de la Renaissance tels que Hans Holbein le Jeune, Albrecht Dürer, Lucas Cranach l'Ancien, Matthias Grünewald, Jérôme Bosch ou Pieter Brueghel l'Ancien avaient une approche différente de leurs collègues italiens, plus réaliste et moins idéalisée. L’adoption de la peinture à l'huile dont l’invention est traditionnellement, mais indûment, attribuée à Jan van Eyck, a rendu possible une peinture facilitant la représentation de la réalité. À la différence des Italiens, dont le travail était fortement marqué par l’art de la Grèce et de la Rome antiques, les peintres du Nord étaient imprégnés du style de la sculpture et enluminures du Moyen Âge.
C’est à partir de cette époque (le Moyen Âge) qu’apparurent les fondus, les subtiles lumières et les non moins fameux retours de lumière.
Le terme de « Fondu au noir » nomme plus une technique de peinture que l’utilisation absolue du noir. En effet, nous allons voir que le Fondu est une façon de faire « coller » le sujet à son fond immédiat, contrairement au retour de Lumière qui permet de le détacher.
Et comme les besoins « d’effets » sont multiples, les deux techniques sont presque toujours présentes dans la peinture…
Le tableau (Exemple 1)
que j’ai choisi aujourd’hui est : « Phèdre et Hyppolyte » de Pierre-Narcisse Guérin (1788, huile sur toile), qui comme vous pouvez le voir est très riche en ombres et lumières.
Je vous invite à tout d’abord à admirer l’intensité dramatique dégagée par ce tableau et la Lumière qui s’en dégage avant de le « disséquer »…
Cette toile est un des exemples « parfaits » de l’utilisation des « Fondus au noir ».
L’image de l’Exemple 1-1 (voir les flèches-commentaires) vous montre la profondeur créée par cette technique.
Nous noterons (commentaire en haut à droite) que le fondu, comme dit plus haut, peut être utilisé avec une autre couleur que le noir. Nous noterons que dans toutes ces zones, il n’y a pas de « Retour de Lumière » puisque le but de cette technique est justement de fondre les couleurs entres elles, par l’utilisation du dégradé (passage d’une couleur à une autre).
Dans les Exemples 2 et 4, le fondu est utilisé pour créer différents plans en profondeur. Pour en quelque sorte hiérarchiser la position des éléments.
Dans l’Exemple 3
(Philip Alexius de László - Winifred, portrait de la Duchesse de Portland, huile sur toile env. 1920), nous remarquerons dans ce magnifique portrait que les fondus sont là pour mettre en exergue de façon très prononcée quelques parties du modèle : le visage et buste (cheveux fondus), main droite et gauche, une partie de la base du cou à gauche, idem. Les éléments (vêtement) très sombres sont dégradés jusqu’à se fondre complètement avec la couleur du fond, ce qui permet de « décoller » et de faire presque « jaillir » la Lumière de la chair (voir également précis n°1 pour comprendre que nous imaginons ici aussi ce qui n’est pas peint).
Donc en conclusion, le fondu bien qu’étant en quelque sorte l’opposé du retour de Lumière, est son complément quasi indispensable pour, les deux réunis, donner de la profondeur aux tableaux.
Ce précis est assez court, mais, je l’espère, finira de vous « éclairer » sur l’Ombre et la Lumière (lol).
N’hésitez pas à me poser des questions et rendez-vous la semaine prochaine pour un nouveau sujet...
Artistiquement votre !